- CHARISMATIQUE (MOUVEMENT)
- CHARISMATIQUE (MOUVEMENT)CHARISMATIQUE MOUVEMEOn appelle «mouvement (ou renouveau) charismatique» la branche catholique d’un phénomène qui, une soixantaine d’années après la fondation des sectes pentecôtistes dites désormais historiques, veut redonner vigueur, comme au temps des premiers chrétiens, aux charismes personnels et qui affecte, à des degrés divers, la plupart des grandes Églises.Dans la tradition chrétienne, le substantif «charismatique» désigne celui qui est investi d’un charisme. Il apparaît à plusieurs reprises dans les Épîtres de saint Paul et une fois dans la première Épître de saint Pierre. Il qualifie d’abord un homme et, par suite, la fonction qu’il exerce ou le bienfait dont il est l’instrument. Le charismatique bénéficie d’un don qui est gratuitement imparti (de charis , grâce) à un individu par l’Esprit-Saint et qui est ordonné au service de la communauté et à l’édification du corps du Christ, tâches qui, dans les Actes des apôtres et dans les Épîtres, sont souvent désignées par le mot diakonia , service. Le charismatique ne jouit donc pas d’une prérogative pour lui-même.Selon saint Paul (I Cor. XII à XIV; Rom. XII, 3-8), les charismes sont comparables aux fonctions diverses et unifiées qu’ont les membres d’un même corps. Mais ils ne sont pas tous au même rang. Viennent d’abord les trois ministères de la parole: en tête, l’Apôtre, qui par sa prédication annonce l’Évangile et fonde l’Église; puis les Prophètes, qui, par leur parole, elle aussi inspirée, mais immédiatement intelligible (à la différence de celle des glossolales), expliquent, sous la lumière de l’Esprit, les oracles de l’Écriture, notamment ceux de l’Ancien Testament; enfin, les Docteurs, qui ont eux-mêmes pour tâche d’interpréter le message. Par ailleurs, Paul énumère d’autres fonctions ou dons charismatiques — tels que le pouvoir de guérir, celui d’opérer des miracles, le discernement des esprits, la capacité de parler en langues (glossolalie) ou le don d’interpréter le message du glossolale — qui échappent à toute classification et sont les manifestations spontanées et sporadiques de l’Esprit-Saint. Dans le célèbre chapitre XIII de son Épître aux Corinthiens, Paul proclame, à propos de ces «dons supérieurs», qu’il est une voie qui les surpasse tous: la charité. Au chapitre suivant, il précise que les dons doivent être «discernés» soigneusement de leurs caricatures, leur critère d’authenticité étant le souci de l’unité dans l’amour.Dans l’histoire de l’Église, le problème n’a cessé de se poser de l’interférence entre la hiérarchie et de telles manifestations de l’Esprit, ou, comme l’a mis en lumière notamment le protestantisme, de la nécessité de choisir entre l’institution et l’événement: les membres de la hiérarchie sont bien, chacun à sa manière, des charismatiques («apôtres», docteurs et autres), mais, à trop s’appuyer sur le corps social de l’Église, ils en oublient et endiguent la spontanéité de l’Esprit.Au début du XXe siècle, d’une part au Texas et en Californie (1900-1906), d’autre part au pays de Galles (1904-1906), le souci de réactualiser les charismes de la primitive Église a pris corps dans des groupes qui, ayant généralement la structure des sectes, se sont réclamés de l’effusion de l’Esprit-Saint sur les apôtres le jour de la Pentecôte et qu’on désigne, pour cette raison, du nom de pentecôtisme ou mouvement de Pentecôte.L’idéal pentecôtiste a trouvé une nouvelle expression, au sein de l’Église catholique cette fois, avec la création, en 1967, par des chrétiens de l’université Duquesne de Pittsburgh (Pennsylvanie), d’un mouvement charismatique, qui s’étendit bientôt dans les milieux intellectuels et les classes moyennes des États-Unis pour se répandre ensuite dans de très nombreux pays. Dépourvu d’organisation centrale (le Charismatic Renewal Service de l’université Notre-Dame, dans l’Indiana, ne fait que rassembler et diffuser des informations), ce mouvement se caractérise par une grande fluidité mais aussi par un souci de maintenir dans l’orthodoxie les groupes ou «communautés» qui se réclament de lui. Malgré son conformisme doctrinal et liturgique, il veut, comme le pentecôtisme classique, revaloriser la croyance en l’action concrète du Saint-Esprit, la pratique du «baptême dans l’Esprit», le développement des «dons spirituels» (de guérison, de prophétie, de glossolalie, etc.). Mais, dans les fréquentes réunions où ils lisent la Bible, prient, chantent et s’exhortent mutuellement, les charismatiques insistent sur les fruits de l’expérience spirituelle (joie, charité, etc.) plus encore que sur la pratique spectaculaire des dons.Le «néo-pentecôtisme catholique» n’est pas en général regardé de manière défavorable par la hiérarchie. Celle-ci, intéressée par le dynamisme du mouvement, se contente seulement, par exemple, de rappeler à son intention, comme Paul VI en 1973, que la «vie spirituelle des fidèles relève [...] de la responsabilité pastorale active de chaque évêque dans son propre diocèse».
Encyclopédie Universelle. 2012.